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Tourte au carotte : l’alliée suisse des gourmets soucieux de leur santé

Tourte au carotte : l’alliée suisse des gourmets soucieux de leur santé

Tourte au carotte : l’alliée suisse des gourmets soucieux de leur santé

Un plat bien de chez nous qui coche toutes les cases

Elle trône dans les vitrines des boulangeries de Neuchâtel à Lausanne, souvent aux côtés de la quiche lorraine ou de la tarte aux légumes. Pourtant, la tourte aux carottes possède un ADN bien suisse. Peu connue à l’international, elle est pourtant l’une des représentations les plus savoureuses de cette cuisine helvétique du quotidien : simple, roborative, locale – et étonnamment actuelle.

Pourquoi actuelle ? Parce qu’en 2024, on cherche dans nos assiettes autant le goût que du sens. Manger végétarien, réduire les produits ultra-transformés, privilégier les circuits courts… Autant de tendances alimentaires qui trouvent une réponse inattendue dans ce classique discret, en phase avec les aspirations durables de nombreux Romand·e·s.

Un héritage paysan adapté au présent

La tourte aux carottes, ou Rüeblitorte dans sa version alémanique sucrée, prend ici une tout autre forme salée. Dans plusieurs cantons romands – en particulier dans le Jura et le canton de Vaud – elle fait partie de ces recettes transmises de génération en génération. Basée sur des ingrédients simples : pâte brisée, carottes râpées, œufs, crème, parfois fromage, elle raconte une cuisine de l’économie et de la terre.

« Pendant longtemps, c’était un plat de semaine ou un repas vite fait pour nourrir toute la famille. Mais aujourd’hui, elle revient à la mode car elle est versatile et, surtout, végétarienne », explique Natacha Wüthrich, fondatrice de l’atelier culinaire lausannois Les Saisons d’abord, qui propose des formations pour cuisiner local et durable.

Cet attrait pour les classiques revisitables touche aussi les restaurateurs romands. Le Café du Marché à Yverdon-les-Bains a remis la tourte aux carottes à l’honneur sur sa carte en proposant une version enrichie de cumin et de noix : « Une vraie réussite auprès des client·e·s vegan et flexitariens », assure sa cheffe, Sandra Borel.

Une recette sur-mesure pour la transition alimentaire

Analysons les points forts de ce plat sous l’angle d’une alimentation plus responsable :

Autrement dit, la tourte coche aussi bien les cases de la planète que du bien-être personnel – sans sacrifier le plaisir gustatif.

Saveurs de terroir et créativité contemporaine

La force de la tourte aux carottes, c’est aussi sa malléabilité. En version rustique ou gourmande, elle s’adapte aux envies du moment. À Fribourg, le couple d’agriculteurs transformateurs Camille et Thierry Guex la proposent lors des marchés fermiers, garnie de tomme vaudoise et de petits oignons caramélisés, le tout avec une pâte maison au petit-épeautre. « Les gens ont parfois des a priori, mais une fois qu’ils goûtent, ils sont conquis », sourit Camille.

Autre approche créative à Genève : la pâtisserie végétale Racines a élaboré une mini-tourte de carottes rôties et pois chiches, servie avec une sauce aux herbes fraîches. Un plat signature qui allie simplicité et haute densité nutritionnelle.

Et pourquoi ne pas l’essayer chez soi ? Avec un robot ménager ou une râpe grossière, quelques carottes, un peu de crème (ou une version végétale), une pâte maison ou prête à dérouler, c’est un dîner sauve-temps mais loin de l’ennui. Ajoutez-y du curcuma ou des graines de tournesol pour une touche supplémentaire.

Un plat intergénérationnel et rassembleur

Au-delà des enjeux alimentaires, la tourte aux carottes est un patrimoine vivant. Elle fait partie de ces plats que les enfants préparent avec leurs grand-mères, que l’on sert aux pique-niques ou en buffet de fête d’école. Conviviale, facile à couper et à transporter, elle incarne aussi une forme “douce” de transmission culinaire.

« Dans nos ateliers, on voit souvent des jeunes curieux de revenir au fait maison. Quand on leur propose une tourte aux carottes, ça suscite des souvenirs, parfois un peu flous, mais toujours positifs », observe Natacha Wüthrich. « Et surtout, c’est un bon point d’entrée dans une alimentation plus végétale sans radicalité. »

Un aspect rarement abordé mais significatif à l’ère post-COVID : la tourte aux carottes se transporte et se conserve fort bien. Elle se prête aux repas au bureau, aux pique-niques en forêt et aux lunchs partagés entre collègues. Autrement dit, elle réintroduit de la convivialité dans nos assiettes sans susciter la polémique alimentaire.

Zoom sur les producteurs locaux de carottes en Romandie

Derrière chaque tourte se cachent aussi des agriculteurs passionnés. Dans le canton de Fribourg, Mathias Rossier cultive des carottes bio sur 7 hectares. Il vend une partie de sa production au marché de Bulle chaque samedi matin. « La demande ne faiblit pas, surtout depuis que les questions environnementales sont sur tous les fronts », explique-t-il.

Son choix d’une agriculture sans herbicide, combiné à une rotation intelligente avec d’autres légumes racines, permet une production durable. Pour lui, la revalorisation de recettes locales comme la tourte aux carottes soutient une logique vertueuse : « Les gens savent d’où ça vient, on recrée du lien autour de la terre. »

Plus au sud, la Ferme des Capucines à Morges propose des paniers bio incluant régulièrement des carottes. Sur leur site, on trouve même une fiche-recette de tourte, pensée pour accompagner les légumes livrés en circuit court. Une approche éducative et coopérative, emblématique des dynamiques alimentaires en Romandie.

Un levier insoupçonné pour repenser nos menus

Si la tourte aux carottes mérite une seconde jeunesse, c’est aussi parce qu’elle illustre un changement de paradigme. Nous ne mangeons plus seulement pour nous nourrir, mais pour affirmer des choix. Choix éthiques, durables, respectueux de notre environnement et attentifs à notre santé.

Elle rappelle que le “bien manger” ne doit pas forcément être synonyme d’ingrédients exotiques ou de complexité culinaire. Ce que nos parents et grands-parents réalisaient avec quelques produits de saison peut, avec une pincée de créativité, répondre aux défis contemporains. Et si une simple tourte devenait le symbole discret mais puissant d’un art de vivre romand, plus en phase avec notre temps ?

Alors oui, la prochaine fois que vous passez chez votre boulanger·ère de quartier ou que vous ouvrez votre frigo sans inspiration, pensez-y : cette tourte modeste mais pleine de ressources pourrait bien devenir votre nouvelle alliée du quotidien. Savoureuse, économique, durable et locale – elle a tout pour elle.

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