Les Portes du Soleil Suisse en été : activités vertes et slow tourisme à Champéry

Champéry l’estivale : quand la montagne se réinvente au vert

Connue pour ses pistes enneigées l’hiver, la station valaisanne de Champéry ne sommeille pas pour autant une fois les derniers flocons fondus. Située au cœur du domaine des Portes du Soleil, cette commune de montagne se tourne résolument vers un tourisme plus lent, plus vert et plus ancré dans son territoire. Une démarche qui séduit de plus en plus de voyageurs·euses romand·e·s en quête d’authenticité, de nature et de sens.

Alors, que peut-on faire à Champéry l’été, sans moteur rugissant ni agenda surchargé ? Beaucoup. Et surtout, autrement.

Une nature préservée et accessible

À seulement 90 minutes de Lausanne ou de Genève, Champéry offre un accès direct à l’un des plus grands domaines transfrontaliers d’Europe. Mais ici, pas de remontées mécaniques saturées en été ni de surfréquentation instagrammable. L’accent est mis sur la valorisation de la nature sans la pressuriser.

Les randonneur·euse·s trouveront plus de 800 km de sentiers balisés à travers alpages, forêts, torrents et crêtes. On déambule entre les hautes herbes, les clochettes des vaches en fond sonore, avec en ligne de mire les Dents du Midi qui veillent sur le Chablais. Les itinéraires sont adaptés à tous les niveaux, y compris pour les familles.

« Ici, on parle encore de balades plutôt que de trails, et ça change tout », confie Marie Favre, accompagnatrice en montagne installée à Champéry depuis dix ans. « Les gens viennent chercher un rythme plus lent, un lien avec le vivant. Ce n’est pas une performance, c’est une rencontre. »

Le slow tourisme prend racine

Derrière cette approche plus douce, il y a une volonté affirmée des acteur·rice·s locaux·ales de s’engager dans un modèle touristique soutenable. Cela passe par le soutien aux circuits courts, la sobriété énergétique, mais aussi une revalorisation du patrimoine immatériel.

À titre d’exemple, la Maison du Village, au centre de Champéry, propose tous les samedis matin un marché de producteurs locaux : tommes au lait cru, miels d’alpage, tisanes de montagne, légumes bio cultivés à moins de 10 km. Un panier typiquement romand qui raconte mieux qu’un guide de voyage ce qu’est ce coin du Valais.

Le village a également mis en place le programme “Slow Altitude”, une série d’activités planifiées en dehors des heures de pointe et limitées en capacité pour favoriser les échanges humains. Parmi elles, des ateliers de cuisine sauvage, des visites guidées de fermes ou encore des séances de yoga au lever du soleil avec vue sur les Dents Blanches. Tout un poème.

De la mobilité douce, même en montagne

L’un des défis majeurs en territoire alpin reste l’accès sans voiture. Sur ce point, Champéry marque des points. Le village est connecté par le train via Aigle, puis le petit train AOMC (Aigle–Ollon–Monthey–Champéry) qui serpente les flancs de montagne jusqu’au cœur de la station.

Là-bas, pas besoin de véhicule : tout se fait à pied, à vélo ou en transports publics. Des navettes hybrides permettent de rejoindre les différents hameaux voisions. Et pour les plus sportifs·ves, un réseau de VTT électriques avec stations de recharge solaires offre une alternative plaisante – et silencieuse – aux randonnées classiques.

Certain·e·s hébergeur·euse·s vont même plus loin. Comme Sylvain et Claire, gérants de l’éco-chalet “Le Nid alpin”, qui proposent à leurs client·e·s une remise de 10% si les vacancier·ère·s arrivent en train avec un SwissPass. « On ne veut pas juste accueillir, on veut inciter », explique Claire. Une façon d’allier l’utile à l’agréable.

Une offre culturelle enracinée

Non, la culture ne s’évade pas des montagnes l’été. À Champéry, elle se décline au gré des saisons mais aussi des initiatives locales. Le Festival Musique & Alpage, organisé chaque mois d’août, marie concerts de musique classique et sites naturels peu fréquentés. L’idée : une expérience auditive hors des sentiers battus, littéralement.

On trouve aussi au cœur du village le Centre d’Art du Valais romand, qui accueille chaque année plusieurs expositions centrées sur les arts contemporains et la thématique du paysage. Une manière de reconsidérer ce que signifie “habiter” ou “traverser” un territoire de montagne.

Et puis il y a les histoires, celles que partage volontiers Anouk, conteuse des bois, lors de ses veillées sous les étoiles. Installée à Val-d’Illiez, elle part l’été en “tournée buissonnière” à travers les villages de la vallée. “Les gens écoutent autrement en altitude”, dit-elle en souriant. “On est plus perméables à la magie.”

Des activités douces mais pas ennuyeuses

Pour celles et ceux qui redoutent que le « slow » rime avec ennui, Champéry réserve quelques surprises. Parmi les activités prisées cet été :

  • Vélo de montagne assisté : des circuits balisés pour tester le VTT électrique sans se faire peur – ou mal aux mollets.
  • Initiation au canyoning doux : sans sauts vertigineux, mais avec rappelez-vous l’eau de montagne, elle est à 10°C… Frissons garantis.
  • Atelier de fromagerie artisanale : mettre la main à la pâte pour transformer le lait d’alpage en délicieuse tomme. Chaque participant·e repart avec sa création – succès assuré lors des apéros entre ami·e·s.
  • Balade botanique avec dégustation : qui aurait cru que l’achillée millefeuille puisse sublimer un sirop maison ?

Une dynamique régionale portée par les acteur·rice·s locaux·ales

Champéry ne s’est pas réinventée seule. De nombreux partenariats ont émergé ces dernières années entre la commune, des agriculteur·rice·s, des enseignant·e·s, des PME ou encore des artistes. Tous défendent une vision cohérente du développement local, basée sur la proximité et un tourisme à taille humaine.

« L’idée, ce n’est pas de refuser les visiteurs·euses, mais d’en accueillir moins, mieux, et plus longtemps », résume Marc Dubois, président de l’association Champéry Durable. « C’est une logique de qualité, pas de quantité. Et ça fonctionne : on constate un retour de client·e·s fidélisé·e·s qui reviennent chaque été pour une autre expérience. »

La commune a d’ailleurs intégré récemment le réseau suisse des destinations durables (Swisstainable), une reconnaissance qui vient saluer les efforts en matière de gestion des ressources, de sensibilisation environnementale et de gouvernance participative.

Ralentir pour mieux ressentir

Champéry en été, c’est une invitation à redécouvrir la montagne autrement : à l’écouter, à la goûter, à la comprendre. C’est une immersion dans un cadre naturel d’exception, mais aussi dans une communauté qui choisit de se développer en respectant ses équilibres.

Alors, si vous projetez une escapade estivale loin de la densité urbaine, sans pour autant renoncer à l’intensité de l’expérience, pourquoi ne pas tester cette formule douce et pleinement romande ?

Et après tout, pourquoi faudrait-il aller vite quand on est déjà en altitude ?

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